Voruna (& Voruna Prime)

1) La carte :

Impressionnante, n’est-ce pas ? L’ombre de la chasse implacable de la nuit des tambours Nagas. La dernière chose que beaucoup de seigneurs Orokins aient jamais vue. Voruna, la louve écarlate. Le cœur de la meute. La chasseuse de dieux devenus proies.

Nous nous souvenons d’elle comme d’une horreur primitive. La dévoreuse impitoyable qui rôde dans les villes, à la recherche de chair divine blanche et dorée.

Il n’en a pas toujours été ainsi ! Autrefois, Voruna était la gardienne obéissante du Circulus, le plus sacré des temps Yuvans sur Lua. Comme une brave bête loyale, Voruna parcourait Lua avec ses quatre loups à la crinière d’acier : le furtif Dynar, le dévoué Raksh, le fidèle Lycath et le férose Ulfrun. Mais ce qu’ils avaient juré de protéger était pervers, mauvais. Lors d’une cérémonie puante de Kuva, le candidat Orokin imposait sa conscience à un nouveau corp choisi – Le Yuvan – envoyant l’esprit de l’ancien propriétaire malheureux dans l’oubli. Ils ont appelé ce processus qui prolonge la vie… la “Continuité”.

L’Exécuteur Tuvul était l’un des Sept au pouvoir et le chef du Conseil du Yuvan : des officiers de haut rang qui exécutaient l’affreux rituel. Tous… étaient alors morts, déchirés, tous sauf Tuvil… Qui était pourchassé. Il abandonna sa famille à cette nuit d’horreur, ses amis aux flammes et fouetta ses esclaves pour faire transporter son corps mourrant… Vers son vaisseau personnel. Sa destination ? Lua, verrouillée dans le Néant. Son objectif ? Une dernière cérémonie. Échanger un dernier corps – une dernière vie – contre le sien. Avant la fin de l’Empire.

Pour échapper à l’ombre prédatrice implacable qui avait, en une seule nuit, trouvé et éviscéré jusqu’au dernier de ses pairs du Conseil. L’ombre qui les avait autrefois protégés.

Je n’ai jamais aimé Tuvul. Ce qui suivit me le fit détester encore plus.

2) Dynar :

Voici Dynar, le discret. Il a donné à Voruna ce don de furtivité qui lui permettait d’attaquer par surprise – sans jamais être prise.

Hum. Parlons de ce qui a rendu le Circulus si spécial : la première Conjonction du Néant.

C’est arrivé soudainement, baignant Lua dans des manifestations malveillantes du Néant. Dans le plasma lunaire, les pensées prenaient des formes physiques terrifiantes. Des images extraites de cauchemars d’enfance ou de névroses d’adultes étaient brusquement tangibles et réelles. La folie en a rattrapé beaucoup.

C’est à cet endroit – le Circulus – que Tuvul s’enfuit dans un Néant tourmenté par une Conjonction extrêmement inhabituelle. Des tourbillons violents, des courants puissants et l’apparition de bêtes terrifiantes jamais vues auparavant ni depuis. C’était comme si, certains l’ont noté, le tissu de l’univers fasait écho au boulversement déchirant le Système Origine. Un hasard ? J’ai vécu trop longtemps pour le croire, mais je ne peux fournir aucunne explication plus objective.

Espérant contre toute probabilité que le Néant empêcherait l’ombre qui le traquait de retrouver sa trace, Tuvul atterit sur la peau poudreuse et sacrée de Lua.

Tuvul compensait son manque de loyauté par la sournoiserie. Il aurait dû comprendre.

3) Raksh :

On ne sait pas précisément pourquoi Lua est un site de Conjonctions du Néant très spéciales, mais la mise en œuvre de la Continuité dans le Circulus et le Yuvarium garantissait une transition sûre et forte… Tant que certains rituels étaient correctement observés.

Un privilège réservé uniquement au Sept en personne.

Imaginez la scène du point de vue de l’innocent Yuvan. La folie écrasante de tout cela. La Soprana désignée comble le fossé entre les mondes avec sa chanson. L’Exécuteur Orokin hurle les mots rituels. Le Néant blanc comme un os s’infiltre partout. Le Kuva fumant et écarlate dans son bol de verre. Et l’imposant loup-géant, Voruna, arpentant le périmètre, quatre loups fidèles à ses côtés.

Ce loup que vous voyez ici et Raksh, le défenseur, le fidéle gardien de Voruna qui protégeait son seigneur Orokin de toutes les folies que la Conjonction du Néant générait.

Et il y en avait beaucoup. Or, cette nuit-là, Tuvul n’avait pas de protectrice. Au contraire.

Là, Tuvul avait besoin de passer dans un nouveau corps, mais les cargaisons de jeunes corps fraîs provenant de tout le Système n’arrivaient plus. Tuvul, nous allons le voir, avait préparé une sombre éventualité.

Sournois, comme je disais.

4) Lycath :

Le troisième loup de Voruna. Lycath, le frère fidèle, le pourvoyeur de l’âme de la meute.

Nous savons que Voruna et ses loups avaient servi de rite après rite. Elle avait observé les brumes et détruit sauvagement tout ce qui menaçait la cérémonie, flanquée de la fureur de Lycath.

La Cérémonie Yuvan – “Continuité” comme ils l’appelaient – était une obscénité. L’élite Orokin, agée et fétide, s’affalait et regardait les “Yuvans” – de jeunes hommes et femmes élevés sur Mars et au-delà dans ce but criminel – défiler devant eux. Ils faisaient leur choix, prodédaient au rituel et quand ses yeux s’ouvraient à nouveau, on n’y voyait plus que le regard du meurtrier.

Faut-il s’étonner que Voruna, libérée de la loyauté, ait été si déterminée à faire un repas du Conseil Yuvan ? Je crois que non.

Passons au dessert, voulez-vous ?

5) Ulfrun :

Voici Ulfrun, le Féroce. Le plus redoutable des loups de Voruna

L’exécuteur Tuvul s’empressa d’installer la salle rituelle. Cette fois, la cérémonie était différente. Au lieu d’une Soprana, il y avait un simple Mandaccord jouant des notes automatisées. Et au lieu du Yuvan préparé, il y avait un cryopode des plus inhabituels – contenant un jeune enfant qui dormait paisiblement. La prévoyance évoquée précédemment.

Entre les mains de Tuvul, dit-on, se trouvait un artefact et un codex n’appartenant à personne d’autre qu’Albrecht Entrati lui-même : le père du Voyage dans le Néant, un homme qui y avait sacrifié sa santé mentale.

Tuvul ouvrit le livre à des pages étranges et profanes. Nous le savons car nous l’avons récupéré sur le site bien plus tard. Je crois que Tuvul avait l’intention de se protéger en utilisant ce qui ressemblait à un grimoire fantaisiste. Un acte désespéré, en effet.

J’aime à imaginer que, alors qu’il ouvrait ses lèvres flétries pour commencer la cérémonie, pour invoquer le Néant… C’est à ce moment-là qu’il entendit le hurlement vorace d’Ulfrun.

6) Exécuteur Tuvul :

À partir des signatures du Néant, des preuves sur le site et de la technologie d’enregistrement qui a survécu à cette Conjonction du Néant unique, je déduis ce qui suit. Pardonnez à un vieil homme son style théâtral.

Le Kuva a été versé, les lampes ont été allumées et le rituel de continuité a commencé.

Alors que Tuvul entonait les versets barbares de la Continuité, une horde dont l’ampleur n’avait jamais été vue auparavant lors d’une telle cérémonie se rassembla tandis que le Néant gagnait en intensité. Des choses à deux têtes ou sans tête, de travers, aux cornes brisées, tirant peut-être leur être de Tuvul lui-même, comme des expressions de son vice.

Voruna et ses loups ont éliminé les manifestations, les déchirant tant avec la hache qu’avec les crocs. Tandis que Tuvul psalmodiait, paniqué, la meute se frayait un chemin vers lui à travers la foule.

Pourquoi Tuvul n’a-t-il pas été le premier à tomber ? Je ne veux pas répondre. Peut-être que le travail d’Albrecht avait quelque chose à voir. Ou peut-être que ces bêtes ont simplement compris que ce vieil homme misérable était la seule chose qui leur gardait la porte ouverte.

Des Tremblements secouèrent la surface de Lua et un grand cri retenti, comme celui d’une mère pleurant ses enfants. Tuvul transpirait. Le Kuva bouillonnait dans son bol.

Voruna était implacable, les démons tombant les uns après les autres. Mais ce n’était pas assez. Les hordes du Néant sont infinies, alors que dire de celle-ci ? Si l’enfer a un enfer, ces monstres en provenaient.

Raksh aux yeux doux fut le premier à tomber sous les lames des faux. Ils ont ensuite tué Lycath, puis Dynar et Ulfrun en dernier. Voruna avait hurlé plusieurs fois auparavant, de faim, de colère et de triomphe, mais maintenant, pour la première fois, elle hurlait de chagrin.

6) Voruna :

Voruna avançait sans faiblir vers le cercle – portant les têtes coupées de ses loups bien-aimés. Séparées de leurs corps par sa propre main.

Avec un dernier cri aigu, le rituel de Tuvul atteignit sont apogée. Dans le cryopode, les paupières de l’enfant battaient et Voruna… Chancela. Grâce aux images abîmées qui ont survécu dans les datamass corrompus par le Néant, ce que j’ai vu entre l’enfant et la Warframe était… De la reconnaissance.

Ce contretemps donna un peu de courage à Tuvul qui attrapa le bol de Kuva, maintenant bouillant et fumant avec des énergies étranges.

Voruna le poussa de côté et saisit le Kuva – pas pour elle-même, mais pour ses loups. Elle vida alors sur ses défunts compagnons de meute.

Embrassé par la lueur écarlate bouillonnante, le tissu conjonctif s’est progagé. Le tendon a atteint l’os et dans ce mariage de l’occultisme et de science, ses loups bien-aimés et elle ne firent plus qu’un.

Ses frères revinrent à la vie à la vie. Voruna était maintenant, et pour toujours, le coeur de la meute.

Suite à l’échec de sa Continuité, Tuvul se retourna pour fuir. Mais son ancienne protectrice avait d’autres projets pour lui.

Ceux qui vinrent ensuite ne trouvèrent que des os rongés, dont certains d’une longueur inhabituelle, au millieu de lambeaux de vêtements blancs et dorés.

Bon.

J’ai cependant récupéré une dernière image de ces datamass corrompus par le Néant. Celle de Voruna elle-même, revenant à grands pas vers son vaisseau, avec l’enfant dans ses bras.

Curieux.