Atlas (& Atlas Prime)

Voici Atlas. Dur comme la pierre.

Est-ce surprenant que son histoire commence avec un astéroïde ? Le Temple Telamon avait jeté un sort sur les masses avec une chanson qui annonçait la venue d’un grand destructeur de pierres. Un dieu qui briserait le monde et le mènerait à une grande renaissance. Les Orokin se moquèrent du chant discret du culte, de leurs danses spasmodiques, mais le sortilège ne fit que se renforcer. Les émissions de Telamon se retrouvaient souvent dans des canaux contrôlés pour diffuser leur message apocalyptique. Pour les basses castes étouffées, la simple et hypothétique notion de quelque chose de plus puissant que leurs maîtres Orokin devait être enivrante. La répression brutale des Orokin semblait fonctionner… et puis… un astéroïde a été détecté sur une trajectoire de collision avec la Terre.

Les Telamons l’ont célébré comme une prophétie écrite finissant par se réaliser. Une intervention divine. Pour la première fois, les Orokin ont semblé vulnérables. Peu importait que la destruction fût totale.

Pour le Temple, c’était le signe d’une nouvelle ère.

Casque Shikoro Atlas :

Une sonde fut envoyée sur l’astéroïde, cherchant peut-être la preuve d’une intervention divine. Une intervention fut bien trouvée, mais elle était tout sauf divine. La roche avait été équipée de propulseurs de direction colossaux et une foule de Telamons bien armés se chargeait de la manœuvre. Ayant pris leur destin en main, ils se lancèrent dans une dernière danse convulsive à bord de ce rocher. Croiseurs de bataille, missiles Orgon, troupes de Dax… les Orokin auraient pu résoudre ce problème de différentes façons. Mais leur ennemi n’était pas les Telamons eux-mêmes. C’était leurs idées.

Atlas, seul, fut envoyé. Lorsqu’il s’écrasa sur ce rocher, son casque Shikoro éblouit les adeptes. Notez le placage balistique incliné et la protection renforcée du cou. Il allait bientôt avoir besoin des deux.

Tableau de Telamon :

Pendant des années, les historiens ont jugé que ce conte de Telamon était juste un mythe, un pur produit de la propagande Orokin. Ensuite, sur la bordure extérieure de notre système, nous avons trouvé un champ de débris de petites roches et de poussière suivant une orbite elliptique paresseuse. Sur ces roches, nous trouvons des restes de statues de pierre particulière.

Des silhouettes pétrifiées, clairement des membres du Temple, ont été figées dans un tableau de lutte et de mort. Ou était-ce peut-être une danse? Cette découverte remarquable nous oblige à repenser le récit dans son intégralité.

La Syandana Stratum :

De prime abord, elle semble terne et austère mais en la retournant, vous découvrez la couleur brillante du cristal d’améthyste dont elle est l’écrin. Une géode à couper le souffle. Imaginez ces rubans claquer au vent tandis qu’Atlas se ruait vers les propulseurs de l’astéroïde assassin. Il pensait probablement réorienter les réacteurs pour le faire dévier de sa trajectoire. Mais, alors qu’il se rapprochait de l’objectif, les adeptes firent exploser les bases des propulseurs. Ils n’étaient plus nécessaires, la masse et l’inertie emmenaient la roche vers son destin. Atlas était à cours d’options. Du moins, c’est ce que les Telamons pensaient.

Tekko :

Les Tekko sont peut-être mes pièces préférées dans cette galerie. Notez les moulures complexes et richement ornées, les lames complexes. Quel contraste avec l’apparence sobre d’Atlas. La beauté et l’artisanat cachent la véritable fonction des Tekko, comme en attestent les marques trouvées sur les crânes des adeptes. Je me demande si leur danse frénétique a été interrompue ou si les coups des Tekko se sont fondus dans la célébration agitée de la foule?

Golems :

Devant vous, des pièces de choix : deux Golems, minutieusement recréés à partir de fragments du Tableau susmentionné. Que ces formations inertes et rigides puissent prendre vie selon la volonté d’Atlas défie la raison. Pourtant, c’est le cas. Imaginez la confusion de ces Telamons lorsque la pierre qu’ils adoraient s’anima avant de les attaquer. Comment répondre à pareille agression? Ce serait comme affronter un glissement de terrain.

Atlas :

La Terre se précisait à l’horizon et les adeptes se riaient d’Atlas en reprenant leur refrain, “La pierre aura raison de tout!”. Pendant ce temps, tous les Telamons du système entonnaient leur hymne final. Dans tous les palais, tous les couloirs de navigation, tous les quais de chargement… Même sur Neptune, les enfants se détournaient de leur bouillon gras pour regarder vers l’ouest, vers cette Terre qui leur était interdite. Cette pierre célère allait-elle tout changer? Et sur cette pierre lancée à vive allure se trouvait Atlas. Sa tête et ses mains au sol, il semblait vaincu, l’hymne des Telamons redoublait d’intensité.

Mais il écoutait. Il ressentait. Il ressentait la façon dont la roche vibrait au son de l’hymne, des harmonies et des fréquences. Les veines, véritables failles de l’astéroïdes lui apparurent alors… et un chant différent s’éleva. Des Golems. Maintenant un rythme surhumain, ils battirent les failles avec fracas avant qu’Atlas n’assène la note finale.

Accompagné d’un grondement, un terrible frisson parcourut l’astéroïde, puis il explosa d’un seul coup. Une pluie scintillante brilla dans l’atmosphère… Le drame était consommé…

La chanson des Telamons s’effaça, et sur Neptune, les enfants se détournèrent et replongèrent leur cuillère dans le bouillon gras.